jeudi 9 avril 2015

Le Hadîth des gens du fossé

Il est rapporté d’après Su‘ayb -qu’Allâh l’agrée- que le Messager d’Allâh -sallâ l-Lahû
‘aleyhi wa sallam- a dit :
« Jadis vivait un Roi qui avait un sorcier. Quand le sorcier se sentit vieillir, il dit
au Roi:
«Me voilà maintenant âgé. Envoie moi donc un Ghoulam(1) pour que je lui enseigne
la magie».
Il lui envoya un jeune homme. Sur son chemin vers le sorcier, le jeune homme
rencontra un moine. Il s'assit auprès de lui et écouta ses paroles qui lui plurent. Il
faisait ainsi chaque fois qu'il se rendait chez le sorcier.
Quand il arrivait auprès du sorcier, ce dernier le frappait pour son retard. Il s'en
plaignit au moine qui lui dit:
«Quand tu as peur de la colère du sorcier, dis lui: « J'ai été retenu par ma famille»
et quand tu crains la colère de la famille, dis lui: «J'ai été retenu par le sorcier».
Entre-temps, voilà qu'une bête énorme interdit le passage aux gens. Le jeune
homme dit:
«Aujourd'hui je vais savoir qui du sorcier ou du moine a la plus grande valeur».
Il prit une pierre et dit:
«Seigneur! Si l'oeuvre du moine T'est préférable à celle du sorcier, tue cette bête
afin de permettre aux gens de passer».
Il la frappa alors avec la pierre et la tua sur le coup.
Les gens eurent ainsi la voie libre. Il vint en informer le moine qui lui dit:

«Mon fils, tu es devenu maintenant plus fort que moi puisque tu es arrivé à ce
miracle. C'est pourquoi tu vas certainement être mis à l'épreuve. S'il en est ainsi, ne
dis à personne où je suis».
Ainsi donc le jeune homme en arriva à guérir l'aveugle de naissance et le lépreux.
Il guérissait les gens de la plupart de leurs maladies. L'un des courtisans du Roi
qui était aveugle en entendit parler et se rendit auprès de lui avec de nombreux
cadeaux. Il lui dit:
« Tout ce que tu vois là est à toi si tu arrives à me guérir».
Le jeune homme lui dit:
«Je ne guéris personne moi-même mais c'est uniquement Allah qui guérit. Si tu
crois en Allah, je Le prierai et Il te guérira».
Le courtisan crut en Allah et Allah le guérit. Il se rendit chez le Roi et s'assit près
de lui comme il en avait coutume.
Le Roi lui demanda:
«Qui donc t'a rendu la vue?».
Il dit:
«Mon Seigneur et Maître».
Il lui dit:
«Est-ce que tu as un Seigneur autre que moi?».
Il dit:
«Mon Seigneur et le tien est Allah».
Le Roi le jeta en prison et ne cessa pas de le torturer jusqu'à ce qu'il dénonçât le
jeune homme. On fit alors venir le jeune homme et le Roi lui dit:
«Mon petit, te voilà arrivé à guérir avec ta magie l'aveugle-né et le lépreux et à faire
telle et telle chose».
Le jeune homme lui dit:
« Je ne guéris personne mais c'est Allah seul qui guérit».

Il le jeta donc en prison et ne cessa de le torturer jusqu'à ce qu'il dénonçât le
moine.
On fit venir le moine et on lui dit:
«Renie ta foi!»
Et il refusa de le faire. On ordonna d'apporter une scie qu'on lui plaça sur la raie
de ses cheveux. On lui coupa ensuite la tête qui tomba en deux morceaux. On fit
alors venir le courtisan et on lui dit:
«Renie ta foi!»
Mais il refusa. On lui plaça la scie sur la raie de ses cheveux et on lui coupa la tête
qui tomba en deux morceaux. On fit enfin venir le jeune homme et on lui dit:
«Renie ta foi!»
Mais il refusa. Le Roi le jeta à quelques-uns de sa suite et leur dit:
«Amenez-le à telle montagne et escaladez-la avec lui. Une fois parvenue à son
sommet, demandez-lui de renier sa foi, sinon jetez-le du haut de la montagne.»
Ils le prirent donc avec eux et escaladèrent la montagne.
Il dit:
« Seigneur ! Epargne-moi leurs méfaits de la façon qui Te plairas ».
« Allâhumma kfinîhim bimâ chi’ta »(2)
La montagne se mit alors à bouger. Ils tombèrent dans le vide (sauf le jeune
homme). Il revint alors chez le Roi et le Roi lui demanda:
« Qu’ont fait tes compagnons ? »
Il répondit:
« Allah m'a sauvé d'eux».
Le Roi le jeta à des gens de sa suite et leur dit:
«Allez avec lui et mettez-le dans une grande barque. Une fois arrivés au large,
demandez-lui de renier sa foi, sinon jetez-le à la mer».
Ils partirent avec lui et, une fois en pleine mer, il dit:

« Seigneur! Sauve-moi d'eux avec ce que Tu veux! ».
« Allâhumma kfinîhim bimâ chi’ta »
La barque se retourna et ils se noyèrent. Il vint en marchant (sur l'eau) jusqu'au
Roi qui lui dit:
«qu'ont fait tes compagnons?».
Il lui dit:
«Allah m'a sauvé d'eux».
Il dit alors au Roi:
« Jamais tu ne pourras me tuer si tu ne fais pas ce que je vais t'ordonner de faire. »
Le Roi demande :
«M'ordonner quoi?»
(le jeune garçon) dit :
«Tu rassembles ton peuple sur un même plateau puis tu me crucifies sur le tronc
d'un palmier. Tu prends alors une flèche de mon carquois, tu places la flèche au
milieu de la corde de l'arc et tu dis: «Au nom d’Allah, Seigneur et Maître de ce
jeune homme», tu me tires alors la flèche et si, tu fais tout cela, tu me tueras
sûrement».
Il (le Roi) rassembla donc les gens sur un même plateau, crucifia le jeune homme
sur le tronc d'un palmier, prit une flèche de son carquois et la plaça au milieu de
la corde de l'arc. Puis il dit:
«Au nom d’Allah, Seigneur et Maître du jeune homme!».
Il tira alors la flèche qui alla se planter dans sa tempe. Le jeune homme porta la
main à sa tempe et mourut sur le coup. Les gens dirent alors:
« Nous croyons au Seigneur et Maître du jeune homme».
On vint dire au Roi:
« Que dis-tu de ce que tu craignais? Par Allah, te voilà donc atteint de l'objet de la
crainte et voilà que ton peuple à cru en Allah».

Il ordonna de creuser des fossés à l'entrée de chaque route. On les creusa et on y
alluma le feu.
Le Roi dit:
«Jetez-y tous ceux qui ne veulent pas renier leur foi».
C'est ce qu'ils firent jusqu'à ce que vint une femme avec son petit. Elle eut peur et
refusa de se jeter dans le feu.
Son enfant lui dit:
«Mère! Patiente car tu es sur la juste voie !» »

Source : Rapporté par Muslim, Al-Tirmidhi et Al-Nasa’i (3)

(1) Un Ghoulam (« jeune garçon ») fait référence à quelqu’un qui a dépassé l’âge du sevrage mais qui n’a pas encore atteint l’âge de la puberté.

(2) Cette invocation est issue de la sounna authentique rapporté par al Boukhari -qu’Allâh lui fasse Miséricorde-. a utilisé pour celui qui craint (l’injustice ou le mal) d’un groupe de gens comme ce fut le cas du jeune enfant.

(3)Cité par Muslim dans Le Livre de la Piété et ce qui adoucit les Coeurs (130), et ce sont ses termes. Il est aussi cité par Ahmad (6/17), Al-Tirmidhi dans le Livre de l’Exégèse #340, et Al-Nasa’i, aussi dans le Livre de l’Exégèse, comme il apparaît dans Tuhfat Al-Ashraf (4/199).

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